Trésors de l'imprimerie. Les incunables des Archives (page 5/5)
La Margarita philosophica

 

La Margarita philosophica ou Perle philosophique est la première encyclopédie des sciences « moderne » de poche imprimée dans le monde germanophone. Publiée pour la première fois en 1503, elle a connu un grand succès et fut rééditée de nombreuses fois tout au long du 16ème siècle. L’auteur, Gregor Reisch, était prieur d’une chartreuse près de Fribourg.
Ce manuel a été rédigé sous la forme d’un dialogue et est illustré d’un grand nombre de gravures selon l’esprit humaniste qui se développe alors en Europe. Les dix-huit gravures pleine page en plus des nombreuses vignettes dans le texte et des trois gravures hors-texte témoignent de l’importance accordée à l’illustration, qui est mise sur le même plan que l’écrit. Avec le développement des techniques de gravure et d’impression sur bois, les images peuvent être reproduites et diffusées en quantité et qualité, ce qui en fait de véritables outils d’instruction.


Ce livre contient une mappemonde en double-page sans titre se basant sur la Géographie de Ptolémée (composé au 2ème siècle apr. J.C.) mais faisant mention des récentes découvertes géographiques. Une légende notée sur l’isthme qui selon Ptolémée relie le sud de l’Asie à l’Afrique (en bas à droite de la carte), précise que « Hic non terra sed mare est : in quo mire magnitudinis Insule, sed Ptolemeo fuerunt incognite » : « Ici il n’y a pas de terre, mais la mer dans laquelle on trouve des îles qui étaient inconnues de Ptolémée ». Cette inscription peut être considérée comme la plus ancienne référence au Nouveau Monde sur une carte imprimée.
La mappemonde se base à la fois sur le système de représentation ptolémaïque des méridiens et parallèles et sur le système de navigation médiévale des portulans (lignes de vents).

Margarita Philosophica, Gregor Reisch, 1508 - BIB 2349

 

 

L’Europe. On distingue la France, la péninsule ibérique, les chaînes de montagne : Pyrénées, Alpes, Caucase. Les Chiffres sur le bord gauche sont en alphabet arabe.

Tout autour de la terre sont représentés douze visages pour symboliser les différents vents. Contrairement aux figures angéliques qui illustrent les autres mappemondes, chaque vent a ici son identité. Ici Zéphyrus, vent d’ouest, doux et agréable.

 

 

 

 

Remarquez particulièrement Vulternus (vent de nord-est) qui souffle au-delà de l’Asie. Les lunettes qu’il porte sont peut-être la plus ancienne représentation gravée de cet objet (bien qu’il soit connu depuis le 13ème siècle).  

 

 

L’Ange Chorus représentant le vent d'ouest-nord-ouest, en rond d'où son nom de chorus pour circulus : c'est le vent par excellence de l'île de Bretagne (Grande-Bretagne).  
Représentation rare, d’une accouchée et de son bébé, accompagnés par une sage-femme.

 

 

Double page avec, à gauche la table des matières concernant la philosophie ; sur la page de droite, représentation de la tour de la connaissance : typus Grammatice. La grammaire entraîne un enfant. Les deux premiers étages sont consacrés à l'apprentissage des grammairiens (Donatus et Priscien). Viennent ensuite trois étages pour la Logique (Aristotélisme), la Rhétorique (Ciceron) et l'Arithmétique (Boece). L'étage supérieur est réservé à la Musique (Pythagore), la Géométrie (Euclide) et l'Astronomie (Ptolémée). On monte ensuite vers la Philosophie (Aristotélisme et Sénèque). L'ultime étage de la connaissance est occupé par la Théologie et la Métaphysique (Pierre Lombard).
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