Trésors de l'imprimerie. Les incunables des Archives (page 2/5)
Les imprimeurs

 

 

Consilia et questiones domini Frederici de Petruciis Senensis famisissimi decretorum doctoris, Frederico Petrucci, 1513 - BIB 2064

 

La page de titre rappelle le nom de l’imprimeur et son adresse. La mise en page joue sur les couleurs et sur les formes. Les mots sont imprimés tantôt en noir tantôt en rouge et le texte a la forme d’un sablier.

Prima Panor. In Primum Dec. Prima pars, Niccolo, 1524 - BIB 2015

 

Page de titre d’une édition de Sébastien Gryphe, surnommé le "prince des libraires lyonnais".

Decisiones Rote, 1531 -  BIB 2304

 

Dans les années 1530 la page de titre s’est établie. Celle-ci reprend, outre le titre et l’auteur, la date, le lieu d’édition et la marque de l’imprimeur (deux triangles opposés, dans chacun un ange portant un écu aux initiales IFJ). La typographie en rouge et noir, la mise en page en pyramide inversée, l’encadrement et la vignette rappellent les goûts ornementaux de la Renaissance.

Les vignettes illustrent le contenu de chaque ouvrage. Sur l’une on voit la rote (un des tribunaux de l’Eglise catholique) et sur l’autre un auteur en train d’écrire son livre. Son bureau lui permet de consulter plusieurs livres à la fois, de les comparer et d’en proposer une édition critique : c’est ce que l’on appelle la collation.

 

 

Les marques d’imprimeurs sont des signes distinctifs permettant aux libraires et aux imprimeurs d’authentifier leurs productions. Ce sont des gravures sur bois d’abord associées au colophon à la fin de l’ouvrage puis transportées sur la page de titre.

La marque typographique est le signe distinctif d’un imprimeur-libraire qui permet de l’identifier lorsque son nom n’est pas inscrit. Elle est un moyen de publicité, mais joue également un rôle de décoration.
Les plus anciennes marques sont des monogrammes reprenant les initiales de l’imprimeur ou du libraire. Très vite elles deviennent plus symboliques, faisant référence au nom d’une enseigne ou illustrant une devise. Elles trahissent aussi les goûts de l’époque, pour les armoiries et les animaux notamment.

Sur la page de titre c’est la marque de Jean Granjon (1504-1525). Sa marque se compose d’un globe dans lequel se trouve son monogramme, surmonté d’un « quatre de chiffre » utilisé traditionnellement par les premiers imprimeurs. Ce symbole est placé au milieu d’une mare en référence à l’enseigne à laquelle est installé son atelier « À l'enseigne du Grand Jonc ».

Quartus sententiarum iahannis mairois, ad eodem recognitus denuoque impressus., Jean Major, 1512 - BIB 2161

Dans le même volume ont été réunis ensemble un écrit philosophique imprimé par Simon de colines et un texte scientifique imprimé par Regnault Chaudière (qui reprend l’atelier de Simon de Colines, son beau-père, en 1539).Ce dernier a pris comme marque typographique un blason à ses initiales portées par deux hommes sauvages, en référence à l’enseigne à laquelle son atelier est alors établi.

Simon de Colines a commencé sa carrière comme fondeur de caractères dans l’imprimerie d’Henri Estienne dont il épouse en 1520 la veuve. Il est connu pour ses éditions de qualité tant pour leur forme (qualité du papier, élégance des caractères) que pour leur fonds (textes dans leur langue d’origine, textes scientifiques). Maîtrisant les langues anciennes, il était également proche de plusieurs savants.

On reconnaît en bas de la page de titre sa fameuse marque typographique de Simon de Colines : un blason aux initiales de l’imprimeur portées par deux lapins. Pour composer sa marque, cet humaniste a joué sur la signification de son nom en ancien français : colin signifiant lapin.


Compendiaria dialectices ratio, Philippus Melanchton, 1526 ; relié avec Textus octo Phisicorum Aristotelis, Thomas Bricot, 1517 - BIB 2068

Incipit solemnis et utilis tractatus De officio et potestate Capituli Sede vacante…, Giovanni Francesci Pavini, 1516 - BIB 2305

Cette marque fait partie des premières qui reprennent le nom de l’enseigne de la boutique du libraire. Comme pour les marques parisiennes, les initiales du libraire inscrites dans un blason sont portées par un animal, ici l’éléphant. François Regnault était imprimeur-libraire à Paris de 1501 à 1540 « A l’enseigne de l’Eléphant ».

 

 

 

 

  

Gregorii Nazanzeni theologi orationes lectissimae XIV, 1516 - BIB 2464

Production de Alde Manuce. Né vers 1450 près de Rome, il étudie le latin et le grec avant d’installer son imprimerie à Venise en 1489.
Ses éditions sont facilement reconnaissables par la présence de la célèbre « ancre aldine ». Alde Manuce utilise une marque typographique représentant un dauphin enroulé autour d’une ancre. L’animal symbolise la vitesse tandis que l’ancre représente la stabilité. Le tout illustre l’adage « festina lente » (hâte-toi lentement).

 

 

  

Gregorii Nazanzeni theologi orationes lectissimae XIV, 1516 - BIB 2464

Alde Manuce est un humaniste convaincu, il s’entoure de lettrés et de savants dont Erasme. Il est l’un des premiers à imprimer des textes grecs dans leur langue originale. En 1501, il invente de nouveaux caractères dérivés du romain mais penchés : l’italique. Il peut ainsi imprimer des formats plus réduits (in-octavo), à des prix plus abordables et plus facilement transportables. Il collabore avec son beau-père Andrea Torresano qui lui succède.
Ici l’ouvrage est imprimé en caractères grecs italiques. Il reprend dans leur langue d’origine, les écrits du célèbre théologien et Père de l’Eglise Grégoire de Naziance.


La mise en page de ce post-incunable reprend la disposition du texte en glose mais utilise les apports de l’imprimerie : les titres courants et la foliotation servant de repères à la lecture. Les lettrines ne sont plus manuscrites mais imprimées à partir de gravures sur bois. In folio de Sébastien Gryphe.

 

 

 


 

 

 


Prima Panor. In Primum Dec. Prima pars, Niccolo, 1524 - BIB 2015


 

 


  

Dans les incunables, de grandes marges blanches sont laissées pour les annotations. Celles-ci nous renseignent sur l’usage du livre et le rapport à l’écrit à différentes époques. Elles peuvent être des commentaires sur le contenu du livre ou encore une marque d’appartenance. Dans ce dernier cas, un possesseur y appose son ex-libris, ici le Chanoine Desauberts.

 

 

 

 

 

 

 

De sanguine Christi et de Potentia Dei, Sixte IV, 1473 - BIB 2160


 

 

 

 


  

 

Autre imprimeur prestigieux : Jean Froben (1460-1527). Né en Allemagne, il fait ses études à Bâle avant de s’y installer comme imprimeur en 1491. Il maîtrise plusieurs langues anciennes et se lie à des savants de son temps, parmi lesquels Erasme.Il est l’un des premiers imprimeurs du Nord de l’Europe à avoir utilisé les caractères romains. Grand éditeur des Pères de l’Eglise dans leur langue d’origine, il a publié de nombreux philosophes contemporains et a notamment rédigé la préface du Nouveau Testament en grec et latin d’Erasme.
Cet ouvrage imprimé en 1515 dans ses ateliers rassemble les écrits de trois grands philosophes : le stoïcien Sénèque, le néoplatonicien Synesius de Cyrène et l’humaniste Erasme. On voit le texte également imprimé en grec.

 


… Senecae, De Morte Claudii Caesaris, …. Synesius Cyre[n]ensis de laudibus Calvitii, …. Erasmi Roterdami Moriae Encomium, 1490 - BIB 2348


 

 

 


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