Trésors de l'imprimerie. Les incunables des Archives (page 3/5)
Les relieurs

La reliure a une double vocation : celle d’assembler les cahiers d’un livre afin de les protéger des aléas du temps et celle de refléter les goûts de l’ornementation de chaque époque.Avec l’imprimerie, se développe le véritable corps de métier des relieurs. Le livre se popularise et les relieurs doivent faire face à une demande de plus en plus croissante. Jusqu’au 19ème siècle, leur activité reste artisanale. Le relieur est un professionnel des métiers du livre. Dans la chaîne de création, il intervient après l’imprimeur et donne au livre sa forme finale.

La Légende dorée est un best-seller depuis sa composition dans le dernier tiers du 13ème siècle. C’est le livre le plus édité après la Bible. Son auteur, Jacques de Voragine, dominicain dans un couvent à Gênes, y a consigné les légendes relatives aux saints. Cette édition in folio de Barthélémy Buyer fait partie des rares impressions en langue française.

La légende dorée, Jacques de Voragine, 1476 - BIB 2097

 

 

Reliure pouvant être datée d’avant 1530 en veau blond sur ais de cartons. On distingue les attaches de lanières en cuir qui sont préférées aux fermoirs métalliques avec le développement de l’imprimerie. Les plats sont décorés en plein à la roulette. L’encadrement est une large bande de motifs géométriques, le rectangle central alterne quatre bandes verticales de motifs losangés et floraux. Ces ornements appartiennent au répertoire médiéval.

 

 

 

 


Saint Ambroise, Tertia pars operum beati Ambrosii Episcopi Mediolanem, Bâle : Joannem petri de Langendorff, 1506 ; in-4°. Archives départementales de l’Ardèche, BIB 2297

Expositio beati Gregorii pape super Cantica canticorum, Grégoire Ier, 1498 .Relié avec :, Homeliae super Ezechielem, Grégoire, circa. 1490 - BIB 2298

Reliure en veau brun décorée à la plaque et aux fers. Cette plaque signée, comme la plupart, appartient à un libraire : Denis Roce actif à Paris de 1490 à 1517. La plaque représente, en son centre, la marque de Denis Roce : un écu porté par deux griffons. Autour, quatre rectangles ayant pour sujets des griffons dans des volutes de feuillages et accompagnés d’une inscription. Sur le rectangle supérieur gauche, on peut déchiffrer la devise de Denis Roce « ala venture tout vie-nt apoient qui peult atendre » (À l'aventure, tout vient à point qui peut attendre). Dans les trois autres rectangles on déchiffre une phrase du psaume 85 « Ostende nobis domine misericordiam tuam et » qui rappelle la réforme grégorienne et l’auteur du livre (Grégoire Ier).
Pour ce livre, l’imprimeur est différent du libraire qui est le commanditaire. Deux marques figurent sur l’ouvrage : celle du libraire sur la reliure et celle de l’imprimeur au titre. L’ornementation de la couvrure a uniquement un rôle commercial. Alors qu’au 15ème siècle, très peu de reliures sont commandées par le libraire, celle-ci est assez exceptionnelle de part sa rareté mais aussi parce qu’elle s’accorde avec le texte qu’elle protège.


 

 

 

 

 

Epistole Marii Philelphi, Giovanni Mario Filelfo. Relié avec Modus Epistolandi, Francesco Negri, 1494 - BIB 2345

Après leur impression, les livres sont généralement envoyés chez le libraire en feuilles, c’est-à-dire non reliés, ou simplement cousus. C’est à l’acquéreur de faire la reliure selon ses goûts et ses moyens. Seules quelques reliures sont commandées par le libraire. Les livres peuvent ainsi être conservés, de façon sommaire, brochés ou bien reliés avec du parchemin.
Ici on aperçoit le renfort des charnières avec un manuscrit médiéval, une carte à jouer collée au contre-plat signe des saisies révolutionnaires et des notes sur la page de droite.

 

 

 

Première page Page précédente Page 3 / 5 Page suivante Dernière page