L'Ardèche dans la Grande Guerre (page 6/8)
Hommages et mémoire

 

 

Alors que les convois mortuaires se succèdent (864 corps de soldats ont été restituées aux familles ardéchoises entre 1921 et 1924), la politique publique du souvenir se met en place. Même si les premières lois sont votées en 1915, c’est à la fois le 11 novembre décrété jour férié et journée anniversaire de l’arrêt des hostilités sur le front occidental et de l’Armistice en 1922 et l’érection des monuments aux morts qui seront les symboles du témoignage de la Nation, à la fois officiel mais aussi visuel, aux combattants disparus.

Le livre d'or des Ardéchois

Dès le début de la guerre, les noms des combattants morts au champ d’honneur sont publiés dans la presse. Un imprimeur de Largentière, Mazel & Plancher, prend l’initiative dès novembre 1914 d’éditer « le livre d’or des Ardéchois morts pour la patrie ». A cet effet, il envoie aux maires des communes et au préfet une sorte de cahier des charges avec les champs à renseigner : nom, prénom, âge et lieu de naissance, avec une photographie si possible. Le préfet répond favorablement à cette « noble œuvre ». Dans son rapport du 15 juillet 1918, Jean Régné écrit « Pour chaque commune, les noms des glorieux morts sont rangés dans l'ordre alphabétique, avec l'indication à la suite de chaque nom de la date de naissance et de la date de décès. » Le dossier conservé comprend le relevé manuscrit des 7807 noms pour les 347 communes. Le classement suit l’organisation administrative : par canton puis par arrondissement (Tournon, Privas et Largentière). Les dates de décès s’arrêtent en septembre-octobre 1918.

                                    

Tableaux d’honneur des Ardéchois morts pour la patrie (ADA, J 190).

 

Projet de monument aux morts, Bourg-Saint-Andéol, 1922 (ADA, 3 R 49).

          

Les monuments aux morts

L’ampleur de la catastrophe humaine de la Grande Guerre, sans commune mesure avec les précédents conflits, a déterminé les élus communaux à rendre hommage à leurs morts pour la Patrie. Ce qui n’avait jamais été fait, mis à part quelques monuments dédiés à la guerre de 1870-1871 ou à d’autres conflits. Dans les années 1920-1925, environ 30 000 monuments aux morts sont érigés malgré les difficultés du temps.

Cet hommage peut être collectif par un monument public ou plus intime, dans le cimetière ou dans un édifice religieux.

 

 

Une macabre comptabilité

L'Ardèche se place au 13ème rang des départements par le nombre de morts, 14 300 dont 13 247 au combat et

1 051 des suites de blessures, soit 13% de la population masculine.

 

Statistiques des morts et disparus de la guerre répartis entre les différentes professions (ADA, 3 R 42).

          

Une circulaire du 1er juillet 1919 du ministre de l’Intérieur enjoint d’établir pour chaque commune la statistique des morts et disparus par profession. Après une longue enquête auprès des maires ardéchois, le chiffre s’établit à 12 458 morts et disparus. Avec 9 147 agriculteurs tués, c’est la profession la plus touchée parmi les 63 recensées, soit plus de 73 % du total. Mais proportionnellement les professions intellectuelles qui servaient comme officiers et sous-officiers sont durement touchées. Ainsi au plan national un quart des instituteurs mobilisés a disparu.

 

   

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