Les acadiens et la Vienne (page 10/11)
Les pouvoirs publics et les Acadiens

 


« Noms des députés accadiens et notes les concernant », [par le marquis de Pérusse, 1775 ?]

[Transcription des seuls passages relatifs à ceux qui sont identifiés comme les deux principaux des dix députés en question :]

 Jean-Jacques Leblanc

Homme qui ne manque pas d’esprit et de finesse, qui à l’extérieur le plus honneste et le plus respectueux, (…) qui a toujours dans la teste le désir de sortir du Royaume et, surtout (dit-il), de passer à la Loüisianne ; faisant cependant l’homme très zélé et très fidèle au Roy de France, et d’ailleurs fort dangereux par ses conseils ; et, évitant toujours de se montrer, il n’est venu en Poitou, ainsy qu’un dénommé Bazile Henry, que pour empêcher le succès de l’établissement et détruire la satisfaction que montroient les premiers arrivés. (…)

 Basile Henry

Est un jeune homme de 35 ans qui a l’air d’avoir eu la meilleure éducation, parlant à merveille et tout à fait ressemblant d’ailleurs à Jean-Jacques Leblanc.

 


Lettre du comte de Blossac, intendant de Poitiers, au marquis de Pérusse des Cars. Poitiers, 24 mars 1776.

Voilà donc enfin les Acadiens partis, Monsieur, et en vérité vous n’en devés pas être fasché. Ils vous ont donné assée de peine et n’en ont été guère reconnoissant. Ce qui m’étonne, c’est que beaucoup de ce dernier convoy ai[en]t eu autant de peine à partir, ne s’y soi[en]t résolu[s] qu’avec douleur et que cependant ils soyent partis ; car on ne les y forçoit pas. Il faut que la séduction ait été bien forte. Je suis cependant fasché qu’il ne nous reste pas autant de familles qu’il y a d’habitations et que, dans le nombre des familles qui restent, il y en ait de veuves et d’orphelins. Vous aurez besoin de trouver des maris à ces veuves-là et je croy qu’avec une habitation pour dot, elles n’en manqueront pas.

Quant aux habitations qui resteront vacquante[s], il sera bien aisé de les remplir. Il y a déjà un officier invalide qui a demandé à M. le contrôleur général de luy en donner une, pour habiter et cultiver le terrain avec sa famille. M. le contrôleur général y est assée porté, mais je luy ay mandé qu’il falloit attendre encore un peu pour scavoir s’il ne resteroit point assée d’Acadiens pour les remplir. Je ne serois point étonné, Monsieur, qu’avant 3 mois plusieurs de ces gens ne demandassent à revenir.

En attendant, ne croyez-vous pas que donner une de ces maisons à l’officier invalide en question feroit un bon effet ? Je suis persuadé que cela affermiroit ceux qui restent dans leur résolution et, peut-être, les empescheroit d’en changer, et feroit bientôt demander les habitations qui seroient vacantes. Cela en donneroit plus d’envie à l’égard des terrains. Sans doute qu’à présent qu’il y a moins de monde, on en donnera davantage à chaque famille. (…)

Adieu, Monsieur, au plaisir de vous voir et de vous renouveller le sincère et respectueux attachement avec lequel j’ay l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

A Poitiers, ce 24 mars 1776.

[signature :] De Blossac

[adresse :] Monsieur le marquis de Pérusse en son château de Targé, par Châtellerault.



Supplique adressée par les habitants de la colonie acadienne à la reine Marie-Antoinette, relative au retard de paiement des subsides qui leur sont dûs, [1774-1775]

 


Passeport au nom de Jean-Pierre Laroche, Acadien, établi au Havre le 13 septembre 1774 et l’autorisant à se rendre en Poitou

 


Rapport anonyme sur la situation de la colonie acadienne, [printemps 1776]

Il est évident et reconnu que, parmy les Acadiens, il en existe un certain nombre qui avoit formé le projet de passer sous une domination étrangère, (…). Sitôt après la décision rendue pour leur établissement, il s’en est trouvé presque moitié qui, non seulement s’y sont refusés, mais qui, lors de la revüe faite en 1773, montrèrent beaucoup d’humeur et de mutinerie. (…)

Mais on doit observer que parmy ceux restés sur les côtes ainsi que ceux venus en Poitou, il n’y en a pas tout au plus le tiers qui soit propre à l’agriculture, le très grand nombre, étant marins ou charpentiers (…), sont plus en état de vivre dans les ports de mer (…).

L’établissement commencé en Poitou mérite certainement quelque attention : quoique commencé peut-être sur de mauvais principes et ayant éprouvé du moment de son origine tout ce qui pouvoit, non seulement en retarder l’exécution, mais même en doubler et tripler la dépense, ce que la cabale et la mutinerie ont opéré sur bien des points, mais à présent que la tranqüillité y règne, on sera à l’abri de ces désordres ; (…).

Etat actuel des travaux de la colonie du Poitou : il existe cinquante sept habitations construites et habitables dont quarante sont occupées et ont leur propriétaire. (…) Sur le nombre de 1472 portés à la généralité de Poitiers et à la résidence de Châtellerault comme chef-lieu de l’élection où se fait l’établissement de la colonie, il en a été envoyé à Nantes 1353 pour les éloigner d’un travail auquel ils refusoient de se prêter.



Ordre du Roi de payer 55 000 livres pour subvenir aux « frais de l’établissement des familles acadiennes qui sont passées dans ladite province [de Poitou] », 16 mai 1779

 


Supplique adressée par les habitants de la colonie acadienne au contrôleur général des finances, Joly de Fleury, relative au retard de paiement des subsides qui leur sont dûs, [1781-1783]

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